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Sébastien DAVID Vigneron
2 août 2006

le Vin d'une Oreille

Le Vin d’une Oreille


Tout commença, comme presque toujours, par une histoire d’amour.  Cette rencontre entre la passion d’un homme, son terroir et le cépage. Comment concrétiser le vin d’une idée, d’un idéal. La soif de savoir et de vin fit le reste.

        Le savoir ou l’apprentissage de la connaissance ne sert que si ils accomplissent l’homme. C’est donc par la lecture d’un seul ouvrage que tout débuta. Si beaucoup connaissent le système de taille ou la poire Guyot, peu savent que le professeur Guyot, dont le nom en est tiré, fût en son temps  ministre sous Napoléon III et l’une de ses œuvres fait la part belle à la viticulture moderne (celle du XIXéme siècle). On y apprend donc comment cultiver la vigne et faire son vin. Et puisque c’est de là que tout est parti, je m’en suis inspiré afin de vous proposer ce flacon.

        C’est donc à partir de ceps issus de sélection massale que débuta l’aventure. Je vous dirai donc de bien tendre l’oreille mais c’est encore un peu tôt. Taillées au mois de mars (Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille  de mars) en lune décroissante, favorisant ainsi les fruits aux feuilles, ces vignes indemnes de tout désherbants, pesticides, fongicides, insecticides auront été travaillées des mois durant afin que la plante puisse capter l’effet des rayonnements solaires et lunaires par ses fruits, ses feuilles et racines.

        Soulageant les ceps de leurs rameaux et grappes superflues, ils ont pu donner le meilleur d’eux-mêmes. Sur des quantités infinitésimales, un rendement situé à dix hectolitres par hectare, la concentration aromatique de ces baies de cabernet franc était telle, qu’après une vendange en caissettes, les raisins ont été transportés délicatement jusqu’à la cuve. Entières, les grappes non éraflées vont alors macérer et fermenter. Elles y seront restées pendant sept jours au gré des rayons du soleil afin que les levures indigènes travaillent de leur propre chef. A la fin de cette semaine les raisins seront foulés et le jus récolté sera descendu par gravité en barrique dans ma cave. Un an après, la fermentation malolactique sera enfin terminée. C’est là qu’interviendra l’unique soutirage qu’aura subit ce vin.

        Prés de trente six mois auront passés lorsque j’ai enfin pris la décision de le mettre en bouteille et ce sans soufre. Toujours à la main, aucune pompe, ni machine n’aura troublé ce breuvage qui reste le plus « nature » possible. Sans aucun ajout, ni anti-oxydant autre que les tanins naturels que le vin porte en son sein, j’espère que le plaisir que j’aurai eut à soutenir l’évolution de ce vin sauront un jour vous contenter, comme le fruit originel de ce breuvage mythique qu’est le vin.

        Mais cette oreille me direz-vous ? Eh bien cette fois ci direction le XVIIéme siècle et cette allusion que faisaient les dégustateurs et trinqueurs d’antan ou lorsque le breuvage qui était dégusté ravissait les papilles, la personne penchait la tête vers le côté puis acquiesçait d’un « ma fois j’en reprendrait bien une petite lampée ». Attention, les mécontents, eux, penchaient la tête de droite à gauche alternativement ce qui ne préjuger rien de bon. En tous cas si vos convives vous disent qu’ils ont « les oreilles qui fanent » cela  veut tout simplement dire qu’ils en redemandent, alors n’hésitez pas à les resservir.

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Sébastien DAVID Vigneron
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